EREKA COACHING ELANCOURT


 

MARIE-SOPHIE RAMSPACHER
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L’objectif de ces séances de co-développement n’est pas de « changer » les salariés mais d’améliorer leur qualité relationnelle. - Shutterstock 

Business case | Depuis 2008, 950 salariés du groupe Covéa (MAAF, MMA,
GMF) ont pratiqué le coaching entre pairs avec une seule règle : respecter la confidentialité des échanges.

«Le moment le plus intéressant, c’est lorsque le sachant découvre qu’il savait » , s’exclame avec un enthousiasme communicatif Bernard Lévêque, directeur du développement de l’intelligence collective chez Covéa. Consultant, coach, celui qui s’intitule également «accordeur en organisation » a déployé au sein du groupe Covéa (MAAF, MMA, GMF) une méthode de co­développement singulière.

«La règle est de ne pas imposer de thème. Au sein d’une assemblée de collaborateurs et de managers, l’un d’entre eux choisit d’être le «client de la séance», propose un sujet, une situation relationnelle difficile (crainte de l’échec, manque d’efficacité ou de reconnaissance etc.) qu’il décrit en

profondeur selon le principe du 360 degrés», détaille Bernard Lévêque qui anime, sans souffler la moindre réponse. «Le collaborateur n’identifie pas forcément une solution mais en revisitant la situation, puise les éléments de réponse pour contourner l’obstacle ». La seule règle est de respecter la confidentialité des échanges : au regard des problématiques abordées (désordre managérial, réorganisation, surcharge de travail), celles ­ci ne doivent pas transpirer en dehors de la salle de travail. D’autant que certains managers osent paraître incompétents devant leurs pairs...

Ce groupe de pair se réunit au rythme de neuf séances durant un an. «Les résultats ne sont pas immédiats puisqu’il ne s’agit pas de transposer des recettes mais d’une invitation à théoriser la pratique plutôt qu’à pratiquer la théorie».
L’objectif n’est pas de «changer » les salariés mais d’améliorer leur qualité relationnelle. Au début de chaque séance, le cas décortiqué précédemment fait l’objet d’un retour d’expérience : le principe de ce coaching entre pairs est de susciter immédiatement des micro­changements.

Ne reposant sur aucune doxa (aucun formateur attitré, aucune bible), la méthode de co­ développement, importée tout droit du Québec, inspirée par la systémique et le constructivisme, semble fonctionner car elle réhabilite le collectif et encourage naturellement l’entraide, ce qui parle à la fois aux salariés et aux DRH. Son développement a d’ailleurs nécessité plusieurs années de recherche chez MMA puis chez Covea par Bernard Lévêque, avant d’être déployée chez PSA et Danone par QREO­Syscodev, la société de conseils créée par l’ex­thérapeute. «Elle participe indirectement à la prévention des risques psycho­sociaux », plaide adroitement le consultant.